Désir
Désir
1.Désir
2.Symbole
Les extraits cités sont issus de Métamorphoses de l'âme et ses symboles, CG. Jung, Georg Editeur SA, Le livre de poche, 1993.
Désir
C'est un processus émotionnel. Le genre de l'objet désiré a son importance, mais la nature du processus désir a au moins autant d'importance. Le désir peut être inconscient, instinctif, automatique, libre, non maîtrisé, avide, déraisonnable, sensuel, etc., ou raisonnable, réfléchi, maîtrisé, coordonné, accordé, moral, étudié, etc. D'un point de vue psychologique ce "comment" (sa nature) est plus important que le "quoi" (l'objet du désir), parce que la nature du désir imprime à l'objet la qualité esthétique et morale du beau, du bien, et elle influence de façon décisive les relations au monde.
Le désir passionné a 2 faces : "il est la force qui embellit tout et aussi, le cas échéant, détruit tout". Il est donc compréhensible qu'un désir violent soit précédé, accompagné, ou suivi d'angoisse. "La passion fait les destinées et crée l'irréparable. Elle pousse devant elle la roue du temps et accable le souvenir de passé à jamais révolu. L'angoisse devant le destin n'est que trop compréhensible, il est imprévisible et illimité; il recèle des dangers ignorés et l'hésitation du névrosé à s'aventurer dans la vie s'explique sans peine par le désir de pouvoir rester en dehors pour ne point être engagé dans le dangereux combat".
Qui renonce à tenter de vivre doit étouffer en lui le désir de vivre, et donc réaliser une sorte de suicide partiel. C'est ce qui explique les fantaisies de mort qui accompagnent si volontiers le renoncement au désir. Mais ce n'est pas si direct car " la peur de la vie n'est pas un fantôme imaginaire, mais une panique très réelle qui ne paraît si démesurée que parce que sa source véritable est inconsciente et par conséquent projetée. La perte de la jeune personnalité que l'on empêche de vivre et retient en arrière crée l'angoisse et se métamorphose en angoisse. Cette angoisse paraît venir de la mère (imago maternelle, symbole de l'archétype Anima); en réalité il s'agit de la peur de mourir qu'éprouve l'homme instinctif inconscient, qu'un recul continuel devant la réalité a exclu de la vie".
Il y a donc à ce lieu un conflit entre le désir conscient ou inconscient de renoncer à vivre, parce que la vie et la souffrance font peur, et la peur instinctive de mourir (envie, désir instinctif de vie); c'est un conflit ouvert entre Éros et Thanatos.
Symbole
Le désir est symbolisé, entre autre, par une ou des flèches ( les flèches symbolisent aussi les enfants mâles par comparaison/ analogie d'activité).
Et Jung de citer un passage des discours en vers de Gautama (Bouddha historique) :
"Un désir cependant encore, sérieusement désiré,
Entretenu, nourri dans la volonté,
S'il faut peu à peu y renoncer,
Fouille sauvagement comme flèche en chair." (p.476)
Le renoncement à toutes joies de la vie, "mort lente avant la floraison", est en général douloureux, "en particulier les désirs non satisfaits et les tentatives de la nature pour briser la puissance du refoulement sans laquelle une telle différenciation serait impossible". Cette différenciation est la distinction entre ce que les autres projettent sur nous et nos propres phénomènes intérieurs. "Ce sont nos propres désirs qui, telles des flèches, se plantent dans notre chair".
La libido fouille dans la chair au travers de désirs inconscients; une partie de son inconscient sévit contre l'homme lui-même, cette partie est l'inconscient collectif opposé à l'inconscient individuel (archétypes contre ombre…), et "plus l'attitude de la conscience par rapport à l'inconscient est faite de refus, plus ce dernier devient dangereux" (p.491)